Perché sur l’une des cimes de Marfranc, au cœur du département de la Grand’Anse, le Fort Marfranc est l’un des nombreux ouvrages militaires construits sous les ordres de Jean-Jacques Dessalines, père fondateur de la nation haïtienne. Construit dans le cadre d’une stratégie de défense visant à repousser un éventuel retour des colons, ce fort est un témoignage tangible de la vision de Dessalines pour la défense de l’île. Malgré sa valeur historique inestimable, le Fort Marfranc reste aujourd’hui largement méconnu et négligé, un oubli que le temps pourrait transformer en perte irréparable si des actions ne sont pas entreprises pour sa préservation.
Situé à un emplacement stratégique, ce système défensif surplombe une vallée verdoyante où serpente la rivière de la Grand’Anse. Cette rivière, traversant des paysages pittoresques, souligne la beauté naturelle de la région tout en rappelant l’importance géographique du fort. Placé en hauteur, ce dernier offrait autrefois une vue imprenable et un contrôle absolu sur les environs, permettant aux défenseurs de surveiller les mouvements de troupes ennemies et de s’assurer que la région reste hors de portée d’une nouvelle colonisation.
Aujourd’hui encore, le fort conserve une partie de son arsenal d’origine, avec trois canons imposants, placés stratégiquement pour couvrir les points cardinaux Nord, Sud et Est. Ces canons, qui ont résisté aux assauts du temps, témoignent de l’ingéniosité militaire qui animait la construction de tels ouvrages. Ce patrimoine militaire, bien que marqué par les années, demeure l’un des éléments clés qui confèrent au Fort Marfranc son aura de forteresse imprenable.
L’entrée du fort offre une vue panoramique sur les montagnes environnantes, dont les formes uniques évoquent des silhouettes de dromadaires, ajoutant une dimension mystique au lieu. Depuis ce point, il est possible de voir la côte Sud d’Haïti, où se situent des villes telles que Côteaux, Chardonnières, Roche-à-Bateau, et Les Anglais. Cette vue, conjuguée au climat frais et à l’air pur que l’on respire sur ces hauteurs, fait du fort un lieu de contemplation, en plus de son rôle défensif.
Le Fort Marfranc ne se contente pas d’être un monument militaire; il porte également en lui des traces d’un passé bien plus ancien, construit sur les ruines de la maison d’un officier français, le capitaine Marfranc. Cet officier servit sous le général polonais Wladyslaw Jablonowski, ajoutant une dimension internationale à l’histoire de ce lieu. À proximité, se trouvent également les vestiges d’anciennes cases d’esclaves, témoins d’un passé douloureux, mais indissociable de l’histoire de la région.
Non loin du fort, une tombe discrète marque le lieu de repos du général Laurent Férou, l’un des signataires de l’acte d’indépendance d’Haïti. Ce héros national, né aux Côteaux, repose à quelques pas du monument qu’il contribua à ériger. Sa présence éternelle en ce lieu rappelle que le Fort Marfranc n’est pas seulement un site militaire, mais aussi un sanctuaire pour l’histoire et les hommes qui ont façonné l’indépendance d’Haïti.
Le Fort Marfranc, avec sa situation unique et son héritage riche, pourrait facilement être élevé au rang des grands bâtis historiques de la nation. Cependant, il reste aujourd’hui dans un état de semi-abandon. Sa préservation et sa mise en valeur pourraient non seulement protéger ce patrimoine de l’oubli, mais aussi en faire un lieu d’attraction touristique et d’apprentissage pour les générations futures.
Fort Marfranc attend d’être redécouvert, prêt à resplendir à nouveau aux yeux du monde.
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